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CHAPITRE VIII

(161)

De la perversité, des misères et des peines du désobéissant ; et des fruits amers que produit la désobéissance.

Tout autre est le sort du malheureux désobéissant, qui a pris passage sur la barque de la religion. Il souffre tant, tout en faisant souffrir les autres, que dès cette vie il a comme un avant-goût de l’enfer. Toujours triste, toujours inquiet, la conscience bourrelée de remords, mécontent de l’Ordre, mécontent de son prélat, il est insupportable à lui-même. Or qu’a donc à voir, ma fille, ce religieux qui a pris en main la petite clef de l’obéissance à la règle, avec la désobéissance dont il s’est fait l’esclave ! Le voilà cependant qui a choisi pour épouse, dame désobéissance, avec tout son cortège, l’impatience qui l’accompagne, la superbe qui la nourrit et qui procède de l’amour de soi, le sens propre et le bon plaisir personnel. Toute l’ordonnance est renversée, tout est à rebours de ce que je t’ai dit a propos de l’obéissance.

Comment ce malheureux, privé de la charité, pourrait-il trouver dans la religion autre chose que des peines ? L’orgueil lui fait dresser la tête, et il lui faut la baisser de force ; toutes ses volontés sont en opposition continuelle avec la volonté de l’Ordre.