Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/323

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Si tu me demandes qui a plus de mérite, ou de ceux qui pratiquent ainsi les conseils, ou de ceux qui sont dans un ordre religieux, je te réponds que le mérite de l’obéissance ne se mesure pas à l’acte extérieur, ni au lieu, ni à la personne qui commande et qui peut être bonne ou mauvaise, séculière ou religieuse : il est proportionné à l’amour de celui qui obéit. Voilà l’exacte mesure du mérite de l’obéissance.

L’imperfection d’un mauvais prélat ne préjudicie en rien à celui qui obéit ; bien des fois, au contraire, elle lui est utile, en ce que les persécutions ou les rigueurs indiscrètes d’ordres sévères développent chez lui la vertu d’obéissance et sa sœur la patience. L’imperfection du lieu ne lui cause non plus aucun détriment. Je dis imperfection : parce que la religion est plus parfaite, plus assurée, plus stable qu’aucune autre condition, et j’appelle imparfait, en comparaison, l’état de ceux qui ont pris en main la petite clef de l’obéissance, en observant les conseils en dehors d’un ordre religieux. Je n’entends pas dire, pour autant, que leur obéissance est imparfaite et moins méritoire ; car, toute obéissance, ainsi qu’il a été dit, comme aussi toutes les autres vertus, a pour mesure l’amour .

Il est bien vrai, qu’à beaucoup de titres, soit à cause du vœu que l’on émet entre les mains du supérieur, soit à cause des observances plus lourdes qu’on y rencontre, l’obéissance est mieux éprouvée dans la religion qu’en dehors d’elle. Tous les actes extérieurs sont liés à ce joug, et l’on ne peut le rejeter à volonté sans faute mortelle, parce qu’il est