Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/38

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lui-même. Ces péchés sont nuisibles à l’âme, ils m’offensent ainsi que le prochain : ils m’offensent parce qu’ils me privent de l’honneur et de la gloire auxquels j’ai droit, ils offensent le prochain en le privant de l’amour de la charité. Mais ils ne m’atteignent pas extérieurement, ils ne sont pas dirigés contre Moi, et spécialement contre Moi, bien qu’ils soient préjudiciables à l’âme et me déplaisent à cause de sa perte. Tandis que cette offense dont je me plains, c’est à Moi qu’elle s’adresse, et immédiatement. Les autres péchés se couvrent de quelque prétexte ; on les commet sous couleur de quel que bien ; ils ne sont pas dirigés immédiatement contre Moi ; car je t’ai dit, tout vice et toute vertu s’exercent à l’égard du prochain, le péché se commet, par manque de charité envers Moi, votre Dieu, et envers le prochain, et la vertu opère par l’amour même de la charité. C’est en offensant le prochain, et en quelque sorte par son intermédiaire, que l’on m’offense.

Mais parce que, parmi mes créatures raisonnables, j’ai élu mes ministres, qui sont mes oints, comme je te l’ai dit, les dispensateurs du corps et du sang de mon Fils unique, de votre chair humaine unie avec ma nature divine, quand ils consacrent, ils représentent la personne même du Christ mon Fils.

Tu le vois donc bien, c’est à mon Verbe que cette injure est faite. En l’atteignant, elle m’atteint du même coup, puisque nous sommes Un. Les malheureux ! Ils persécutent le Sang, et ils se privent du trésor qui est le fruit du Sang  !