Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/51

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suivaient vraiment le bon Pasteur, ma Vérité, que je vous ai donnée pour vous conduire, mes chères brebis, en lui imposant de donner sa vie pour vous ! Ils ont bien suivi ses traces, ils ont bien corrigé à temps, ils n’ont pas laissé les membres se corrompre, faute de soins ; ils ont mis leur charité, non seulement à les redresser avec onction de la douce bonté, mais aussi à porter le feu daîis la plaie, quand c’était nécessaire, par la réprimande, par la pénitence plus ou moins sévère, suivant la gravité de la faute. Et dans cet office de droiture et de vérité, jamais ils ne se laissèrent arrêter par la crainte de la mort.

Ils étaient, ceux-là, de vrais jardiniers ! C’est avec zèle, avec une sainte crainte, qu’ils arrachaient les épines des péchés mortels, pour planter à leur place les fleurs parfumées des vertus. Aussi leurs sujets vivaient-ils dans une sainte crainte, et s’élevaient comme des fleurs odoriférantes dans le jardin de la sainte Église, parce qu’ils les corrigeaient sans la crainte servile qu’ils ne connaissaient pas. Exempts eux-mêmes de péché, ils étaient tout zèle pour la sainte justice, reprenant humblement, mais sans peur aucune. En eux brillait vraiment cette pierre précieuse ; l’éclat qu’elle répandait, versait la paix avec la lumière dans les âmes de mes créatures, et les maintenait dans la sainte crainte et dans l’union des cœurs. S’il y a tant d’obscurité dans le monde, sache-le bien, tant de division entre séculiers et religieux, entre clercs et prélats de la sainte Église, l’unique raison en est, que la lumière de la justice