Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/52

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s’est éteinte, et que dès lors les ténèbres de l’injustice ont enveloppé la terre.

Quelque situation que l’on occupe dans la loi civile on dans la loi divine, on ne peut s’y maintenir en état de grâce, sans la sainte justice. Celui qui n’est pas corrigé ou ne corrige pas, est comme un membre qui commence à pourrir, et sur lequel le mauvais médecin se contente d’appliquer un emplâtre, sans cautériser la plaie le corps tout entier ne tarde pas à être empoisonné et à se corrompre. Il en est ainsi des prélats et des autres supérieurs, qui voient leur sujet infecté de cette plaie purulente du péché mortel ; s’ils se contentent d’employer l’onguent de la flatterie sans recourir à la réprimande, ils ne guériront jamais le membre malade ; la contagion gagnera les autres membres, unis au premier dans un même corps, sous un même Pasteur.

S’ils étaient, au contraire, de vrais et bons médecins des âmes, comme l’étaient ces glorieux pasteurs, ils n’emploieraient l’onguent, qu’après avoir cautérisé la plaie, par le feu de la réprimande. Si ce sujet s’obstinait dans le vice, ils le retrancheraient de la Congrégation, pour qu’il ne contaminât pas les autres, par l’infection du péché mortel. Aujourd’hui, ils se gardent bien d’en agir ainsi ! Ils font plutôt semblant de ne rien voir.

Sais-tu pourquoi ? La racine de l’amour-propre vit en eux et produit ce mauvais rejeton de la crainte servile ! Ils ont peur de perdre leur position, ou de se priver de quelques ressources temporelles,