Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/72

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lambeau de justice, ce n’est pas aux grands qu’ils s’adressent, quoique leurs vices soient souvent plus criants. Ils craindraient trop de compromettre leur situation ou leur vie ! Ils reprendront les petits, qui ne peuvent rien contre eux, ni contre leur état. Mais, tout cela, n’est-ce pas commettre l’injustice, par un misérable amour-propre de soi-même ?

L’amour-propre a empoisonné le monde et le corps mystique de la sainte Église ; il a couvert de plantes sauvages et de fleurs fétides le jardin de l’Epouse. Ce jardin fut bien planté au temps où il était cultivé par de vrais jardiniers, mes ministres saints : il était tout orné de fleurs embaumées. Les chrétiens ne menaient pas une vie criminelle sous la conduite de ces bons pasteurs ; elle était honnête, vertueuse et sainte.

Il n’en est plus ainsi, aujourd’hui. Les sujets sont mauvais, parce que mauvais sont les pasteurs. Cette malheureuse Epouse est environnée d’épines de toutes sortes, par tous les péchés qui se commettent. Non, en vérité qu’elle puisse être elle-même atteinte par la corruption du péché, et que la vertu des Sacrements puisse en subir aucun amoindrissement, mais ce sont ceux qui se nourrissent au sein de l’Epouse, qui reçoivent la corruption dans leur âme, en y perdant la dignité à laquelle je les avais élevés. En réalité, ce n’est pas cette dignité qui subit en elle-même une déchéance, mais ils la font mépriser en eux. Leurs crimes avilissent ainsi le Sang, car les séculiers n’ont plus pour eux le respect qu’ils leur doivent à cause du Sang. Ils n’y sont pas