Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/75

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Je veux cependant t’en dire quelque chose, outre ce que je t’ai déjà conté, pour te fournir un sujet de compassion et de larmes.

Ils doivent demeurer à la table de la très sainte Croix, par le saint désir, et s’y nourrir des âmes, pour mon honneur à Moi. Toute créature raisonnable le doit faire, et combien plus, ceux que j’ai élus, pour vous distribuer le corps et le sang du Christ crucifié, mon Fils unique, pour vous donner l’exemple d’une bonne et sainte vie par leurs travaux, et pour faire leur nourriture de vos âmes, par un grand et saint désir de votre salut, à l’exemple de ma Vérité. Mais, leur table à eux, elle est dans les tavernes. C’est là qu’on les trouve, jurant et parjurant, étalant publiquement leurs misères et leurs vices. Ils sont comme des insensés, des hommes sans raison. Leurs vices ont fait d’eux des animaux. Chez eux, actions, gestes, paroles, tout est lascif, et c’est là qu’ils se complaisent.

L’office, ils ne savent plus guère ce que c’est, et si parfois ils le récitent, c’est des lèvres seulement, leur cœur est loin de moi. Ils se conduisent, comme des libertins et des fripons. Comme ils ont joué leur âme qu’ils ont engagée au démon, ils jouent maintenant les richesses de l’Église et ses biens temporels, dissipant ainsi ce qu’ils ont recu par la vertu du Sang. En conséquence, les pauvres n’ont plus la part qui leur est due, et l’Église est dépouillée, elle n’a plus même les objets nécessaires au culte. Ils sont devenus les temples du démon, comment s’étonner qu’ils n’aient plus soin de mon