Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/85

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que la réprimande lui vienne d’un bon ou d’un mauvais pasteur. C’est à lui-même qu’il fait mal et non aux autres, et c’est lui-même qui recevra le châtiment de ses propres péchés.

Tous ces maux, ma très chère fille, proviennent de l’absence de correction, par une bonne et sainte vie. Pourquoi donc les pasteurs ne redressent-ils pas leurs sujets ? Parce qu’ils sont aveuglés par l’amour d’eux-mêmes, cet amour-propre qui est le principe de toutes leurs iniquités. Sujets, pasteurs, clercs, religieux n’ont plus qu’un souci, leur plaisir ; et leur seule préoccupation est de trouver le moyen de satisfaire leurs désirs déréglés.

Hélas ! ma douce fille, où est-elle l’obéissance des religieux ? Établis dans la sainte religion comme des anges, ils sont pires que des démons. Ils avaient pour fonction d’annoncer ma parole, suivant la doctrine de Vérité, et ils ne font qu’un vain bruit de mots, sans produire aucun fruit dans le cœur des auditeurs. Leurs prédications sont faites, pour plaire aux hommes ct charmer leurs oreilles, beaucoup plus que pour l’honneur de Moi. Aussi s’appliquent-ils, lion à vivre saintement, mais à polir leurs phrases. Ce n’est pas ceux-là, vraiment qui sèment mon grain, le bon grain de ma Vérité, parce qu’ils ne se préoccupent pas de détruire les vices et de faire éclore les vertus. Ils n’ont point arraché les épines de leur propre jardin, comment s’emploieraient-ils à les faire disparaître de celui de leur prochain !

Leurs délices sont de parer leurs corps, d’orner