Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/87

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fait un libertin, elle, une pécheresse publique.

De tous ces maux et de beaucoup d’autres sont cause les prélats, qui n’ont pas l’œil sur leurs sujets. Ils leur laissent toute liberté, ils les envoient eux-mêmes, ils font semblant de ne pas voir leurs misères, et le dégoût qu’ils ont pour la cellule. Ainsi, par la faute de l’un et de l’autre, ce religieux a trouvé la mort. La langue ne saurait raconter tant d’iniquités, et tous les moyens criminels par lesquels ils m’offensent. Ils sont devenus les armes du démon, et leur corruption répand son poison au dedans et au dehors : au dehors, chez les séculiers, au dedans parmi les religieux eux-mêmes.

Ils ont perdu la charité fraternelle, chacun veut être supérieur, chacun rêve de posséder, et tous vont ainsi contre la règle et contre le vœu qu’ils ont fait. Ils ont promis d’observer les constitutions de l’Ordre et ils les violent. Encore ne se contentent-ils pas de les transgresser eux-mêmes ; ils s’acharnent, comme des loups, sur les agneaux qui voudraient observer la règle, et les poursuivent de leurs sarcasmes et de leurs railleries. Ils s’imaginent, les malheureux, que par les persécutions, par les dédains, par les moqueries dont ils accablent les bons religieux, fidèles à leur règle, ils masqueront leurs propres désordres ; mais ils ne réussissent qu’à les découvrir davantage.

Voilà le mal qui a envahi les jardins des religions saintes. Saintes en effet, elles le sont en ellesmêmes, parce qu’elles ont été établies et fondées par l’Esprit-Saint. Aussi l’Ordre, en soi, ne peut-il