Page:Catherine de Sienne - Le Dialogue, Hurtaud, 1913, II.djvu/88

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être gâté ni corrompu par la faute des inférieurs ou des supérieurs. Celui qui vent entrer dans un Ordre, ne doit pas considérer les mauvais sujets qu’il renferme il doit s’appuyer sur le bras de l’Ordre qui est fort qui ne peut faiblir, et lui demeurer fidèle jusqu’à la mort.

Je te disais que les jardins des saintes Religions étaient désolés par la faute des mauvais prélats et des mauvais religieux, qui n’observent pas pleinement la constitution de leur Ordre, qui en transgressent les lois, qui en violent les usages, qui n’en accomplissent plus les cérémonies, ou ne pratiquent de la règle, en public, que ce qui est nécessaire, pour conserver la faveur des gens du monde, et faire un manteau à leurs propres vices. Ainsi, par exemple, leur premier vœu, qui est l’obéissance aux constitutions, il est bien évident qu’ils ne l’observent pas ; mais je te parlerai ailleurs de l’obéissance. Ils font vœu également de garder la pauvreté volontaire et d’être chastes. Ces vœux, comment les observent-ils ?

Vois les propriétés, et tout l’argent qu’ils possèdent, à titre personnel, contrairement à la charité commune qui leur fait un devoir de partager avec leurs frères tous les biens temporels et spirituels, ainsi que le demande la loi de leur Ordre. Mais ils ne veulent engraisser qu’eux seuls et leurs bêtes, et ainsi une bête on nourrit une autre. A côté, un frère pauvre meurt de froid et de faim. Mais ce religieux, lui, est chaudement vêtu, il fait bonne chère ; il n’a cure de ce frère besogneux, se gardera bien de