Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/19

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la ſaiſit d’un bras puiſſant ; & faiſant un cercle avec ſa baguette, il ſe forma un broüillard épais & noir ; qui s’étant auſſitôt diſſipé, la terre s’ouvrit : il en ſortit deux taupes, avec des aîles de feüilles de roſes, qui traînoient un char d’ébeine ; & ſe mettant dedans avec Plus belle que Fée, elle s’éleva en l’air, & le fendit avec une vîteſſe incroyable, ſe perdant incontinent aux yeux des jeunes filles, qui par leurs pleurs & leurs cris annoncerent bientôt dans tout le Chêteau la perte qu’on venoit de faire.

Plus belle que Fée ne revint de ſon étonnement que pour tomber dans un plus épouvantable. La rapidité avec laquelle ce char voloit en l’air, l’avoit tellement étourdie, qu’elle en avoit preſque perdu la connoiſſance. Enfin reprenant ſes eſprits elle baiſſa les yeux. Qu’elle fut effrayée de ne trouver au deſſous d’elle que l’étenduë prodigieuſe de la vaſte mer ! elle fit un cri perçant, ſe tourna ; & voyant prés d’elle ſa chere Nabote, elle l’embraſſa tendrement, & la tenoit ſerrée entre ſes bras, comme on a coûtume de faire pour ſe raſſurer. Mais la Fée la repouſſant rudement : Ritirez vous, petite effrontée, lui dit-