Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/20

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elle, reconnoiſſez en moy vôtre plus mortelle ennemie. Je ſuis la Reine des Fées, vous m’allez payer l’inſolence du nom orgüeilleux que vous portez.

Plus belle que Fée, plus tremblante à ces paroles, que ſi le foudre fût tombé à ſes pieds, en eut plus de frayeur encore que de l’horrible route qu’elle tenoit. Le char fondit enfin au milieu d’une Cour magniſique du plus ſuperbe Palais qui ſe ſoit jamais veu.

L’aſpect d’un ſi beau lieu raſſuroit un peu la timide Princeſſe, ſur tout quand à la ſortie de ce char elle vit cent jeunes Beautez qui vinrent toutes courtoiſement faire la reverence à la Fée. Un ſi riant ſéjour ne ſembloit pas lui annoncer d’infortune ; elle eut même une conſolation : qui ne manque gueres de flater dans un auſſi grand malheur que le ſien : elle remarqua que toutes ces belles perſonnes étoient frapées d’admiration en la regardant, & elle entendit un murmure confus de loüange & d’envie, qui la ſatisfit merveilleuſement

Mais que ce pitit moment de vanité dura peu. Nabote ordonna impcrieuſement qu’on ôtât les beaux habits