Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/192

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armé. Elle toucha tous ces Fantômes, qui baiſſant leurs Arcs, & mettant un genou en terre, s’ouvrirent, & laiſſerent un eſpace par où le Prince pût paſſer. Il réprit ſa bonne Fléche, & s’avança tout joyeux. Il traverſa un Parc d’une beauté merveilleuſe, & il découvroit déja le Palais tant deſiré, quand il apperçut une palliſſade qui s’élevoit inſenſiblement, formée de Tubereuſes, d’Oeillets, de Jacinthes & de Jonquilles.

Qu’eſt cecy, s’écria Panpan un peu étonné ? Ce ne ſera qu’une foible reſiſtance, & ſe prenant à rire, il dit aſſez gayement :

Sorcier, charmant Sorcier, je ne t’invoque pas ;
    Cet obſtacle eſt peu difficile,
Pour le franchir ſans toy tout doit m’étre facile,
Des Fleurs n’arrétent point mes pas.

En diſant ces paroles il crut d’un coup de pied abattre cette paliſſade. Il fut épouvanté de voir qu’elle étoit plus ferme qu’une muraille de bronze. Je reconnois la Fée Abſoluë à cet enchantement, réprit-il ; voicy de ſes artifices