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Page:Cavendish - L’Art de dresser les chevaux, 1737.djvu/8

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qu'Elle avoit des aides les plus delicates pour faire aller un cheval parfaitement, fust à la Soldade, Passades, Terre à terre, ou par Haut. Vôtre Majesté monta deux chevaux dispos Desperato, & Balot, quoy que très rebours, avec tant de bonne grace, d'aise & de justesse, que les meilleurs Cavaliers qui étoient aupres d'Elle, & la regardoient avec admiration, en étoient tous étonnés. Quelques-uns, qui étoient là, & qui avoient appris aux Academies étrangeres, eussent été, sinon tout à fait, au moins presques jettés par terre par les mesmes chevaux. Le Roy Vôtre Pere, de glorieuse Memoire, disoit, qu'il n'avoit jamais veu aucun de Vôtre âge qui Vous approchât de bien loin à monter à cheval (Sa Majesté étoit tres capable d'en juger) il disoit qu'il cherchoit quelque faute, mais qu'il n'en pouvoit trouver. Par tous ces titres, Sire, ce livre de la Cavalerie eft Vôtre: & je n'aurois pas presumé de le dedier à Vôtre Majesté, si je ne n'avois sceu, qu'il apporte au monde des nouvelles dans le vray Art de dresser les chevaux, lesquelles jusques icy n'ont point été connuës. Puis donc que Votre Majesté est Maitre en cet Art, aimez les chevaux: car un Prince n'est jamais accompagné de tant de Majesté, mesmement sur son throne, comme il est sur un beau cheval. C'est la creature, entre toutes les autres, à qui l'homme a le plus d'obligation, tant pour l'usage, que pour le plaisir, & tant pour son honneur, que pour sa vie; com-