Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/64

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de son habileté. Il fit prendre les armes à tout le monde , même aux enfans âgés de onze ans. Le fils qu’il avoit laissé en partant le trouva dans ce cas, & les larmes ni les prières de la comtesse ne purent le faire excepter. Le roi vit avec plaisir que cet enfant témoignoit un courage au-dessus de son âge. Il l’arma chevalier à la première bataille. Enfin, après plusieurs combats il vint à bout de ces barbares ; tout fut passé au fil de l’épée, ou réduit en esclavage.

Après avoir ainsi rendu la liberté à sa patrie, il ne restoit plus au comte de Warwick qu’à se faire connoître à sa tendre & vertueuse épouse. Depuis qu’il étoit monté sur le trône, l’aventure des armes & quelques autres de même espece, avoient déja donné de grands soupçons. Elle ne pouvoit comprendre comment, sans être sorcier ou négromant, le nouveau roi étoit instruit, comme elle-même, de tout ce qu’elle avoit de plus caché dans sa maison. À son retour, il crut ne pas devoir différer à la tirer d’inquiétude. Il lui fit remettre la moitié d’un anneau chargé de ses armes, qu’il avoit partagé avec elle à son départ pour la Terre-Sainte, avec ordre de lui dire qu’il venoit d’un homme qui l’avoit aimée tendrement, & qui l’aimoit encore plus que sa propre vie. À ce discours, & à la vue de l’anneau que la comtesse reconnut d’abord, elle tomba évanouie, & ne revint de sa faiblesse que