Aller au contenu

Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame la duchesse de Richelieu fut faite dame d’honneur de madame la Dauphine : madame de Maintenon, et même madame de Montespan, dans tous les temps, avoient inspiré au Roi une si grande considération pour elle, qu’il ne voulut pas lui donner le dégoût d’avoir une surintendante au-dessus d’elle.

Il fit aussi M. de Richelieu chevalier d’honneur, pour lui faire plaisir[1]. Voici, je crois, l’occasion de parler de l’hôtel de Richelieu, comme je l’ai promis.

Madame de Richelieu[2], sans biens, sans beauté, sans jeunesse, et même sans beaucoup d’esprit, avoit épousé par son savoir-faire, au grand étonnement de toute la cour et de la reine-mère, qui s’y opposa, l’héritier du cardinal de Richelieu, un homme revêtu des plus grandes dignités de l’État, parfaitement bien fait ; et qui, par son âge, auroit pu être son fils ; mais il étoit aisé de s’emparer de l’esprit de M. de Richelieu avec de la douceur et des louanges sur sa

  1. Il ne faudrait pas croire que ce fût un titre purement honorifique, comme madame de Caylus semble le laisser supposer. « Madame de Maintenon, dit Saint-Simon, fit donner la charge de chevalier d’honneur au duc de Richelieu avec promesse qu’après l’avoir gardée quelque temps, il la vendrait tout ce qu’il la pourrait vendre à qui il voudrait qui serait agréé. » M. de Richelieu n’attendit pas longtemps, et reçut 350,000 livres du marquis de Dangeau, qui lui acheta sa charge.
  2. * Anne-Marguerite d’Acigné, fille de Jean-Léonard d’Acigné, comte de Grand-Bois, morte en 1698. — M. Lavallée prétend qu’il s’agit ici de Anne-Poussard de Fors de Vigean, mariée en premières noces au frère du maréchal d’Albret, et en secondes noces au duc de Richelieu, petit neveu du cardinal. Il est vraisemblable qu’il a raison contre Voltaire.