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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/48

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Il eut de ce mariage un fils et deux filles : l’aînée épousa M. de Caumont Dadde, et l’autre M. de Villette, mon grand-père. Le fils fut malheureux, et mérita ses malheurs par sa conduite[1]. Il épousa, étant prisonnier dans le Château-Trompette[2] de Bordeaux, Jeanne de Cardillac, fille de Pierre de Cardillac, lieutenant de M. ie duc d’Épernon, et gouverneur, sous ses ordres, de cette place[3]. Sa femme ne l’abandonna jamais dans ses malheurs, et accoucha, dans la Con-

  1. Il fut accusé d’avoir fait de la fausse monnaie. (Note de madame de Caylus.) — C’était là sans doute un grave méfait, mais ce n’était pas le seul ; Constant d’Aubigné avait aussi à se reprocher l’assassinat, de sa première femme, Anne Marchant. M. Théophile Lavallée a retracé, dans son étude sur la Famille d’Aubigné, l’existence aventureuse de cet audacieux personnage que son père avait déshérité « pour plusieurs offenses énormes, particulièrement pour avoir esté son accusateur et calomniateur en crime de lèse-majesté. »
  2. Constant d’Aubigné fut enfermé une première fois au Château-Trompette, en septembre 1627, par suite de ses liaisons avec les Anglais, dont on lui faisait un crime d’État. Le 27 décembre, il épousait Jeanne de Cardillac, et sortait de prison le 20 février 1628. Mais, sur l’ordre de Richelieu, il fut de nouveau incarcéré en décembre 1632, pour avoir pris part aux menées de Gaston d’Orléans, et resta, pendant dix ans, privé de sa liberté.
  3. Il est probable que ce mariage fut quelque peu forcé. Mademoiselle d’Aumale dit à ce sujet, dans ses Mémoire : « La fille de Cardilhac prit du goût pour M. d’Aubigné. Elle était catholique et a toujours été depuis une femme d’esprit et de mérite ; mais la médisance veut qu’elle soit devenue grosse du prisonnier de son père avant de l’avoir épousé. Voilà d’où vient le faux bruit, parmi bien des personnes, que madame de Maintenon était fille d’un geôlier. » Un an après, la jeune femme, édifiée sur le caractère de son mari, demandait au tribunal de Niort une séparation de biens, qui lui fut accordée en avril 1729.