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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/93

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ses jambes se retira beaucoup plus que l’autre. On essaya en vain de tous les remèdes de la faculté de Paris, après lesquels on le mena à Anvers pour le faire voir à un homme dont on vantoit le savoir et les remèdes, mais, comme on ne voulut pas que M. du Maine fût connu pour ce qu’il étoit, madame de Maintenon fit ce voyage sous le nom supposé d’une femme de condition du Poitou[1], qui menoit son fils à cet empirique, dont les remèdes étoient apparemment bien violents, puisqu’il allongea cette malheureuse jambe beaucoup plus que l’autre, sans la fortifier ; elles douleurs extrêmes que M. du Maine souffrit ne servirent qu’à la lui faire traîner comme nous voyons. Malgré ce mauvais succès, il ne laissa pas encore de faire deux voyages à Barèges, aussi inutilement que le reste. Connu en France pour être fils du Roi, il reçut, dans tous les lieux où il passa, des honneurs qu’on auroit à peine rendus au Dauphin.

Madame de Maintenon fut bien aise, en passant par le Poitou ou la Saintonge, de revoir sa patrie, sa famille, et ses connoissances. M. d’Aubigné[2] en ce temps-là gouverneur, de Cognac, y reçut M. le duc

  1. * Sous le nom de la marquise de Surgers. Le voyage et le traitement ne furent pas longs, puisque madame de Maintenon, partie en avril 1674 avec le duc du Maine, était de retour à Paris le 7 mai. Ce jour-là, en effet, elle assistait à l’union de Lazare Tirpré, maître charcutier, avec Marie Richard, femme qui avait été sans doute à son service et signait sur le registre des mariages de la paroisse. (Cf. Jal, Dictionnaire critique d’histoire et de biographie.)
  2. * Le comte d’Aubigné, frère de madame de Maintenon.