du Maine avec une magnificence qui devoit lui plaire ; mais le plus grand plaisir qu’elle eut dans ces différents voyages fut de n’être pas à la cour. Elle en trouva encore un autre dans la conversation de M. Fagon[1], alors médecin de M. le duc du Maine. C’est là que se forma entre eux cette estime et cette amitié qui ne se sont pas démenties. Plus M. Fagon vit madame de Maintenon de près, plus il admira sa vertu et goûta son esprit. Je le cite comme un bon juge du vrai mérite.
Au retour de ces voyages, la faveur de madame de Maintenon augmenta, et celle de madame de Montespan diminua avec la même rapidité. Son humeur s’en ressentit ; et madame de Maintenon qui vouloit encore la ménager, et qui sans doute ne prévoyoit pas jusqu’où sa faveur devoit la conduire, pensoit sérieusement à se retirer, ne désirant que la tranquil-
- ↑ Guy-Crescene Fagon (né à Paris en 1638, mort en 1718), fut successivement premier médecin de la Dauphine, de la reine, des enfants de France et du roi, surintendant du Jardin royal et membré de l’Académie des sciences. Saint-Simon l’a rendu responsable de la mort de Louis XIV, dont il ne vit point
l’état, et qu’il s’obstina à soigner contrairement à son tempérament. Les satiriques du temps ont répété cette accusation dans leurs vers
Que Fagon soit récompensé,
Il a le royaume sauvé.
Sans cet ignorant médecin
Qui de Louis fut l’assassin,
Nos maux auraient duré sans fin !(Cf. notre Chansonnier historique du dix-huitième siècle, t. I. Paris, Quantin, 1879.)