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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/96

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de déplaisirs qu’il seroit imprudent de s’attirer[1] ; j’en ai déjà assez dans une condition singulière et enviée de tout le monde, sans aller en chercher dans un état qui fait le malheur des trois quarts du genre humain. »

II faut avouer que le Roi, dans les premiers temps, eut plus d’éloignement que d’inclination pour madame de Maintenon ; mais cet éloignement n’étoit fondé que sur une espèce de crainte de son mérite, et sur ce qu’il la soupçonnoit d’avoir dans l’esprit le précieux de l’hôtel de Rambouillet, dont les hôtels d’Albret et de Richelieu, où elle avoit brillé, étoient une suite et une imitation, quoiqu’avec des correctifs, et qu’il leur manquât un Voiture pour en faire passer à la postérité, les plaisanteries et les amusemens.

On se moquoit à la cour de ces sociétés de gens oisifs, uniquement occupés à développer un sentiment et à juger d’un ouvrage d’esprit. Madame de Montespan elle-même, malgré le plaisir qu’elle avoit trouvé autrefois dans ces conversations, les tourna après en ridicule pour divertir le Roi.

  1. * La singularité de sa condition et de son état venoit sans doute de ce qu’elle se trouvoit à la cour, et la veuve de Scarron, dont pourtant elle n’avoit jamais été la femme. — Nous n’avons pas besoin de faire ressortir l’absurdité de cette note que nous avons simplement conservée à titre de curiosité historique. Bien que l’acte du mariage de Françoise d’Aubigné avec Scarron ne soit point parvenu jusqu’à nous (Cf., p. 8), l’on n’est nullement fondé à contester la réalité de cette union et les témoignages des contemporains sont trop précis pour qu’il soit possible de la révoquer en doute.