Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/75

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d’amour sans doute et de lumière. Et l’archet semblait devenu fou et ivre mordait les cordes, comme l’amant mord l’amante. Mais, tout à coup, le violon sanglota, et reprit son chant monotone, et si triste, qu’il rappelait l’horreur de la vie.


Le violon pleurait, en contant sa triste légende. Il répandait des sanglots si pressés : et Celle, aux pieds de laquelle tombait sa plainte, aux pieds de laquelle venait mourir le sombre désespoir de sa plainte, était si royalement assise sur un trône d’ivoire, dans les solitudes de sa beauté ! Et son regard superbe et sa pensée étaient si loin, si loin de la terre et des hommes, qui se sentaient pris de vertige devant l’abîme de ses yeux ! Et le chant cependant voulut s’élever jusqu’à elle ; et il monta en effet, grandit, et devint si fort, qu’il emporta la Vierge royale par delà les prairies des étoiles, dans un silencieux dé-