Page:Cazalis - Le Livre du néant, 1872.djvu/87

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périeur par sa conception de la vie. Il la juge dure et cruelle, vide au fond et pleine de néant.

Ce mot de néant, peut-être a-t-il craint de le prononcer, pour ne pas désoler et briser à jamais tant d’âmes pures, jeunes, confiantes, qui espéraient encore, attendaient de lui la bonne nouvelle, n’auraient pu, comme le pourront sans doute à force de fatigue, de vieillesse, les tristes siècles à venir, se résigner aux mortels arrêts de la vérité implacable. Aussi, pour établir sa religion, recréer le monde selon son rêve, dut-il cacher une partie de sa pensée, mentir même, promettre la vie au delà du tombeau, la délivrance dans la lumière ; mais je ne puis croire qu’il se soit fait illusion, car l’obsession du néant se retrouve au fond de toutes ses paroles, comme de toutes ses légendes. « Qu’il a eu raison de dire, le maître plein de compassion : « La forme est semblable à une bulle de mousse, elle n’a ni solidité, ni réalité. La forme est vide, la connaissance est vide. Le corps