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préface

Il est né un certain soir d’avril 1885, peut-être 1883, dans une réunion politique.

… Car rexistence de F.-A. Cazals fut toujours extraordinaire ! Je ne me rappelle plus pourquoi cette réunion politique, au fond d’une salle fumeuse de la rue de Jussieu, et les orateurs, chargés de nous révéler son but, demeurent, dans mon souvenir, à l’état de silhouettes extrêmement vagues.

Des silhouettes de pochards, très ivres d’éloquence.

Les poètes étaient là pour parler de la chose publique, et les gens préposés à la garde de la chose publique arrivaient pour placer, du haut de la tribune, leurs quelques vers inédits, poncifs, préliminaires de leur future députation… ou notariat.

Beaucoup devaient sortir de là plus notaires que jamais.

Donc, chacun, honnêtement, s’occupait de ce qui ne le concernait pas, ainsi qu’il est d’usage au Quartier Latin.

Il y avait Moréas et son monocle, le père de tous les monocles esthétiques (en ce temps-là, on disait : décadents). Il y avait Laurent Tailhade, cherchant déjà la beauté du geste. Il y avait Louise Michel, qui nous appelait : « Citoyens des classes dirigeantes », parce que plusieurs d’entre nous s’étaient offerts des premiers rangs à six sous la chaise !

Il y avait aussi des femmes en cheveux et des garçons en blouse blanche, petites servantes des maisons voisines et commis d’épicier, qui espéraient, selon la promesse d’une affiche, que cela finirait par un bal :