Parmi les choses utiles que tu dois savoir tant pour les mordants que pour d’autres choses à faire, il faut savoir préparer cette huile. Pour cela prends une, deux, trois ou quatre livres d’huile de semence de lin ; mets-les dans une marmite neuve ; si elle est de verre, elle n’en vaut que mieux. Fais un petit fourneau avec la bouche ronde, que la marmite ferme l’entrée pour que le feu ne puisse passer et gagner le dessus, car le feu irait volontiers et mettrait en danger l’huile et la maison. Quand tu as fait ton fourneau, maintiens-y un feu doux. Plus l’huile aura bouilli doucement, meilleure elle sera ; fais-la bouillir jusqu’à ce qu’elle soit réduite de moitié, ce sera bien. Pour faire des mordants quand l’huile est réduite à moitié, ajoute par chaque livre d’huile une once de vernis liquide, clair et de belle qualité.
Cette préparation est bonne pour mordants.
Cette huile que tu viens de faire se cuit encore par un autre moyen et n’en est que plus parfaite pour peindre. Pour les mordants elle ne peut être cuite qu’au feu. Aie ton huile de semence de lin versée dans un chaudron d’airain ou de cuivre, ou dans un bassin ;
au contraire, Cennino fait peindre à l’huile sur le mur frais d’une façon assez
simple, puisqu’on y peut travailler après un seul jour. Reste aux artisans modernes à expérimenter laquelle de ces manières est la plus sûre et la plus facile. {Cav. Tambroni.)
Je crois que le ch. Tambroni fait ici erreur. Cennino ne dit pas combien de temps on passera à composer et dessiner son histoire sur le mur nouvellement frais. C’est la couche d’œuf qu’il laisse sécher un jour. Si l’enduit n’était préalablement sec, la peinture à l’huile serait exposée à couler. (V. Mottez)