dans le temps de la canicule, expose-la au soleil ; si tu peux l’y tenir tant qu’elle se réduise à moitié, elle sera parfaite pour peindre ; et sache qu’à Florence je l’ai trouvé, ainsi préparée, aussi bonne, aussi agréable que possible.
Recommençons à broyer couleur par couleur comme tu as fait pour travailler à fresque. Hors que là où tu broyais à l’eau tu devras maintenant broyer avec cette huile ; et quand tu l’as fait pour chaque couleur (toutes reçoivent l’huile excepté le blanc de Saint-Jean), mets-les dans de petits vases de plomb ou d’étain. Si tu n’en trouvais pas, prends-en de verre, mets dedans tes couleurs broyées, et place-les dans une cassette, qu’ils se tiennent propres. Puis avec ton pinceau d’écureuil, quand tu veux faire un vêtement de trois teintes comme je te l’ai dit, divise-les, et place-les bien chacune en leur lieu, joignant bien une teinte avec l’autre et tenant la couleur épaisse. Arrête-toi quelques jours avant de revenir ; considère alors comment le fond est couvert ; recouvre s’il en est besoin. Opère de même pour les chairs et pour tout ce que tu veux peindre, montagnes, arbres, et n’importe quoi. Il te faut aussi un godet d’étain ou de plomb de la hauteur d’un doigt, comme celui d’une lanterne. Remplis-le à demi d’huile, tu y mettras tes pinceaux pour qu’ils ne sèchent pas. [1]
- ↑ Il est toujours de plus en plus manifeste que Vasari n’a pas lu le livre de Gennino, car il ne donnerait pas comme une invention nouvelle de son temps la peinture a l’huile sur pierre, comme il le fait au ch. 24 de son Introd. alle tre arti del dissegno, où il ne parle pas même du verre sur lequel on peignait à l’huile du temps de Cennino. (Cav. Tambroni.)