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contes japonais.

dait tous les jours, le temps s’écoulait, et comme il n’entendait parler de rien, déjà il pouvait craindre que l’affaire fût rompue.

Sans doute le fiancé avait trouvé le contrat trop onéreux. C’était bien dommage… et certes maintenant, l’honnête père se fût contenté d’un demi-sac de perles !

Vers le commencement de la septième semaine, alors que le jour commençait à baisser, il était seul chez lui, triste et préoccupé, lorsqu’il vit venir à lui quelques-uns de ses voisins, et son fils Kamô, tout en larmes.

— Qu’avez-vous donc, que se passe-t-il !

— Hélas ! Pauvre mousmé !…

— Eh bien !

— Elle est morte.

— Mais qui ?… parlerez-vous ?…

— Gamawuki.

— Morte, ma fille ! quel affreux malheur !

Adieu le beau rêve ! Partagé entre son amour paternel et sa cupidité déçue, Hanko ne savait trop sur quoi il pleurait davantage.

— Mais comment est-elle morte ? demanda-t-il enfin.

— Noyée, la pauvre jeune fille que nous aimions tant ! Elle était en bateau sur la rivière ; voyant sans doute un poisson passer, elle a voulu le toucher, car elle est tombée, et on n’a même pas retrouvé son corps.

Un doute saisit aussitôt le père.

— Je veux voir, dit-il, le lieu de ce malheureux accident.

On le conduisit au bord de l’eau.

Le batelet où l’imprudente Gamawuki s’était aventurée était là, attaché à la rive.

— Tenez, dit un voisin, voici même un petit sac qui doit appartenir à votre pauvre mousmé ; vous le reconnaissez, Hanko ? il contient des pois secs, sans doute, ajouta-t-il en le tâtant.