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exposé à l’agent destructeur qui avait épargné les siens, et, pareille décadence frappant sa progéniture, s’accroîtra dans les successeurs qui, abâtardis de plus en plus, n’auront en eux aucun vestige des qualités qui distinguaient l’aïeul. La preuve, c’est que l’espèce reste toujours dans son état de belle nature chez l’arabe errant ; le contraire a lieu chez l’arabe sédentaire.

La longueur de la corne cimente donc dans les membres du poulain une défectuosité qui, sans être le plus souvent naturelle, n’en est pas moins regardée toujours comme telle. Plus heureux que lui, le cheval libre trouve dans sa vie nomade les moyens de conserver le pied immuable dans sa forme et ses qualités ; aussi possède-t-il jusqu’à sa plus grande vieillesse une membrure irréprochable.

La vache nourrie à l’étable peut-elle être comparée, quant aux aplombs, à celle qui va journellement aux pâturages ? Et le bœuf que l’on engraisse a-t-il les mêmes qualités que celui qui mène une vie presque sauvage sur les montagnes de l’Espagne ? A-t-on oublié que Daubenton apprit à conserver chez nous la pureté de la race mérine en conseillant de faire sortir et marcher tous les jours les moutons mérinos ?

Enfin, les dispositions physiologiques du pied témoignent de la nécessité de cette déperdition de corne. Ainsi, la distribution des liquides se fait avec une telle sagesse dans la substance du sabot, que la corne qui le forme se dessèche d’autant plus qu’elle s’éloigne des tissus vivants, devient plus dure et s’use avec une plus grande rapidité, parce que la force de cohésion diminue avec les progrès de sa dessiccation. « La nature avait prévu qu’un excès de longueur du sabot pouvait porter atteinte à l’intégrité des aplombs, et qu’il fallait augmenter l’usure de la corne relative-