Page:Ceysset et Pébernard - Défectuosité des aplombs.djvu/46

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Par suite du mauvais régime, le jeune sujet, disons-nous, maigrit ; à y a faiblesse croissante des tissus, les muscles fléchisseurs et les tendons s’allongent, d’où résulte l’abaissement du boulet, Voilà comment, à partir du sevrage, le cheval peut devenir long et mieux bas-jointé. Le rejet des grassets en dehors, le rapprochement des talons et des jarrets seront aussi la conséquence de cet amaigrissement et du développement excessif du ventre. — Deux poulains de même origine, de même conformation, l’un bien nourri, l’autre mal nourri après le sevrage, diffèrent bientôt entre eux tout autant que ces chiens, Laridon et César, dont parle Lafontaine. Chez celui-ci nous verrons la défectuosité ; chez celui-là, au contraire, la rectitude des aplombs.

Les belles qualités physiques du cheval étaient jadis entretenues par le genre de nourriture qu’on lui donnait : orge, paille. Quand les chevaux ont eu la même nourriture que les bœufs, les formes ont perdu de leurs beautés.

Autrefois la rectitude des aplombs était chose recherchée partout et toujours chez les chevaux de l’agriculture, chez ceux surtout destinés aux voyages ; mais depuis que le bœuf sert aux exploitations, que la vapeur est devenue le géant Briarée, capable de tout oser, de tout entreprendre, on n’élève des chevaux que pour les vendre. Aussi, sitôt après le sevrage, on leur donne une nourriture parcimonieuse, dans la crainte que les dépenses ne soient au-dessus des profits. Si on nourrit bien, c’est aux approches de la vente ; il est trop tard. Les lois de l’accroissement ont des périodes que nos caprices ne sauraient modifier, et si par avarice ou ignorance nous en faisons mépris, la nature se montre rebelle et nous en punit.

Il faudra donc, après le sevrage, continuer à bien nourrir.