Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/115

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Que, comme M. de Condorcet l’a très-bien développé dans un écrit publié depuis peu de jours, lorsque la constitution donne un moyen légal de réformer une loi que j l’expérience a montrée fautive, l’insurrection contre une loi est le plus grand crime dont un citoyen puisse être coupable ; par ce crime il dissout la société autant qu’il est en lui : c’est là le vrai crime de lèse-nation ; Qu’il n’est point de liberté, si tous n’obéissent point à la loi, et si aucun est contraint d’obéir à autre chose qu’à la loi et aux agents de la loi ;

Que nul ne doit être arrêté, recherché, interrogé, jugé, puni que d’après la loi, conformément à la loi et par les officiers de la loi ;

Que la loi ne peut s’appliquer qu’aux actions, et que les inquisitions sur les opinions et les pensées ne sont pas moins attentatoires à la liberté lorsqu’elles s’exercent au nom de la nation, que lorsqu’elles s’exercent au nom des tyrans.

Quand nous serons tous bien imbus de ces vérités éternelles, et devenues triviales parmi tous les hommes qui pensent, il nous sera facile de conclure que tous ceux qui nous inculquent sans relâche ces préceptes, source de tout bien, sont nos amis et nos frères ; que les autres, par leurs discours emphatiques, ne peuvent que nous tromper et nous nuire ; et nous commencerons à avoir des yeux pour regarder et pour voir, et nous commencerons à soupçonner d’où peuvent naître les maux qui nous affila gent tous ; et l’artisan, le marchand, l’ouvrier, tous ceux qui vivent des détails de commerce, s’ils ne travaillent plus, si le