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Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/116

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ur négoce languit, si leur industrie est contrainte de dormir, jugeront s’ils ne doivent pas s’en prendre aux fureurs, aux menaces, aux violences, qui, tenant éloignés de la France ou du grand jour grand nombre d’hommes opulents, dont les besoins et le luxe les aidaient à vivre, ont presque tari ces canaux de la prospérité privée. Et nos villes et nos campagnes commenceront à deviner à qui elles doivent attribuer, au moins en partie ces révoltes de régiments parjures, et ces assassinats, ces incendies, ces brigandages si fréquents, qui souillent d’horribles, d’ineffaçables taches, une révolution. qui n’aurait dû inspirer aux peuples étrangers et à la postérité que l’émulation et l’estime ; et nous tous, enfin, nous tous citoyens français, nous commencerons à entrevoir combien nous sommes redevables à ces prétendus patriotes, qui n’épargnent rien pOur enraciner à jamais dans nos cœurs les haines, les vengeances et les discordes civiles.

Que si ensuite, essayant de pénétrer plus avant, nous examinons quels peuvent être leurs motifs à nous égarer ainsi, nous trouverons que puisqu’ils se sont séparés de l’intérêt publie, leur sacrilège intérêt particulier les y excite fortement ; car un instinct qui ne les trompe pas, leur dit que dans le calme et la paix, le mérite, les talents, la vertu étant pesés dans une balance sévère, il n’est que la bruyante faveur populaire qui puisse les élever à ces succès lucratifs et rapides qui préviennent cet examen. Il leur importe donc de faire naître, d’agiter, d’aigrir toutes les passions populaires qui éloignent la paix. Il leur importe d’aller au-devant des désirs de la