Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/134

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coutume des otages qui rend le fils présent responsable des fautes du père absent ; à se défier de leurs législateurs, de leurs magistrats, de leurs généraux, de tous les officiers publies ; qui ne peuvent rien que par la confiance publique ; à les embarrasser d’obstacles, de dégoûts, de violences ; à sévir eux-mêmes contre des hommes vaguement accusés qui peuvent être coupables, mais qui, suivant l’expression de ce sage et vertueux Tacite, condamnés sans être entendus et sans défense, meurent comme meurt un innocent.

Si tous ces excès ont trouvé parmi nous des apologistes, ne nous étonnons pas que l’on ait montré un peu trop d’indulgence pour un pernicieux exemple de la commune d’Arnay-le-Duc, qui, malgré les lois et malgré l’Assemblée nationale, s’obstinait à vouloir retenir Mesdames tantes du roi, dont le voyage a fait dire et faire tant de sottises. On a dit, pour excuser cette absurdité, qu’elle avait sa source dans le patriotisme ; et moi, je dis qu’elle pourrait bien n’avoir sa source que dans cette fureur qui tourmente la plupart des hommes, d’exercer un empire quelconque, de soumettre quelqu’un à leur seule autorité, et de s’élever par la force au-dessus de la place que les lois et la raison leur ont marquée. Un grand mal est que cette erreur, et d’autres