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Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/135

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semblables, qui peut-être ne tarderont pas d’avoir lieu, appuieront trop bien les sophismes de quelques déclamateurs, qui, suivant leur coutume, faisant envisager cette inquiétude insensée de quelques villages comme le vœu de la nation, essaieront, par ce moyen, inutilement sans doute, d’arracher à l’Assemblée nationale cette loi sur les émigrants, dont la seule proposition eût dû être rejetée avec mépris : loi imprudente et vexatoire, ennemie du commerce et de la liberté, et heureusement aussi impossible à écrire qu’à exécuter. Toutes les bonnes lois sont des lois contre l’émigration : faites exécuter les lois qui sont déjà faites ; que toute propriété soit inviolable, que les seuls agents de la loi commandent, que tout citoyen paisible soit en sûreté, que des soupçons vagues ne donnent pas lieu aux inquisitions, aux diffamations, et chacun restera dans ses foyers, Vous pouvez tout Cela ; et, quand vous ne le faites point, vous n’avez pas plus le droit que le pouvoir de retenir ceux qui ne veulent point vivre parmi vous : et il n’est vraiment pas concevable que ce soit aux hommes qui ont détruit la Bastille, qu’il faille apprendre combien il est absurde et infâme de vouloir empêcher de sortir d’un lieu où l’on n’est pas bien.