Il visite souvent vos paisibles rivages.
Souvent j’écoute, et l’air qui gémit dans vos bois
À mon oreille au loin vient apporter sa voix.
Onde, mère des fleurs, naïade transparente
Qui pressez mollement cette enceinte odorante,
Amenez-y Chloé, l’amour de mes regards.
Vos bords m’offrent souvent ses vestiges épars.
Souvent ma bouche vient sous vos sombres allées,
Baiser l’herbe et les fleurs que ses pas ont foulées.
Oh ! s’il pouvait savoir quel amoureux ennui
Me rend cher ce bocage où je rêve de lui !
Peut-être je devais d’un souris favorable
L’inviter, l’engager à me trouver aimable.
Si pour m’encourager quelque dieu bienfaiteur
Lui disait que son nom fait palpiter mon cœur !
J’aurais dû l’inviter, d’une voix douce et tendre,
À se laisser aimer, à m’aimer, à m’entendre.
Ah ! je l’ai vu ; c’est lui. Dieux ! je vais lui parler !
Ô ma bouche ! ô mes yeux ! gardez de vous troubler.
Le feuillage a frémi. Quelque robe légère…
C’est elle ! ô mes regards ! ayez soin de vous taire.
Quoi ! Mnazile est ici ? Seule, errante, mes pas
Cherchaient ici le frais et ne t’y croyaient pas.