Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/152

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C’est ton front virginal, ta grâce, ta décence ;
Viens. Il est d’autres jeux que les jeux de l’enfance.
Ô jeune adolescent, viens savoir que mon cœur
N’a pu de ton visage oublier la douceur.
Bel enfant, sur ton front la volupté réside.
Ton l’égard est celui d’une vierge timide.
Ton sein blanc, que ta robe ose cacher au jour,
Semble encore ignorer qu’on soupire d’amour.
Viens le savoir de moi. Viens, je veux le l’apprende ;
Viens remettre en mes mains ton âme vierge et tendre,
Afin que mes leçons, moins timides que toi,
Te fassent soupirer et languir comme moi ;
Et qu’enfin rassuré, cette joue enfantine
Doive à mes seuls baisers cette rougeur divine.

Dans cet âge où le jeune adolescent ressemble encore à une vierge, qu’il a une voix argentine… qu’il est incertain, et peut devenir un homme ou une fille (peindre cela le mieux possible.)


Oh ! je voudrais qu’ici tu vinsses un malin
Reposer mollement ta tête sur mon sein !
Je te verrais dormir, retenant mon haleine,
De pour de l’éveiller, ne respirant qu’à peine.
Mon écharpe de lin que je ferais flotter,
Loin de ton beau visage aurait soin d’écarter
Les insectes volants dont les ailes bruyantes
Aiment à se poser sur les lèvres dormante. »
....................
La nymphe l’aperçoit, et l’arrête et soupire.
Vers un banc de gazon, tremblante, elle l’attire ;
Elle s’assied. Il vient, timide avec candeur,