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Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/211

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À toi, belle D’. Z[1]… Pour toi mes mains rustiques
Ont formé le tissu de ces fleurs bucoliques.
Viens voir dans nos hameaux quel encens t’est plus doux,
Quelle déesse enfin tu veux être pour nous.
Soit que ta main, tenant la faucille et l’eau pure,
Veuille aux roses tes sœurs prodiguer leur culture,
Ou bien de fruits dorés couronner les rameaux ;
Ou soit que ton beau corps, caché dans les roseaux,
Aime mieux habiter sous les ondes limpides ;
Soudain Flore et Pomone et Naïades humides
Souscrivent à ton choix, et laissent en tes mains
L’empire des vergers, des eaux ou des jardins.
Moi, pontife, à tes pieds, en des fêtes chéries,
J’apporte des pasteurs les offrandes fleuries ;
Je les vois sur ton front étaler leur éclat ;
Plus d’éclat luit encor sur ton front délicat ;
De plus fraîches couleurs ta joue est animée ;
Leurs parfums sont moins purs que ta bouche embaumée ;
Mourantes sur ton sein, je les vois se flétrir ;
Il est bien doux d’y vivre et bien doux d’y mourir.


En terminer une ainsi :


Ô nymphe du ruisseau, sors de ton onde, sors[2] ;
Prends ces chants de berger médités sur les bords,

  1. Il y a contestation sur ces initiales. M. Becq de Fouquiéres lit : D’. R., D’. R. N. Le même éditeur croit que ces initiales pourraient bien cacher Mme de Bonneuil, qui était créole et née à l’île Bourbon.
  2. Le manuscrit offre cette variante :
    Ô nymphe du vallon, sors de ton onde, sors. (G. de Chénier.)