Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/328

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cette parfaite représentation de la vie humaine, qui émeut l’âme et qui entraîne l’esprit. L’observation de la nature physique et morale, l’étude et l’expérience des passions humaines, cette sûreté et cette finesse de sensations qu’on appelle le goût, la lecture des poètes, voilà ce qui enseigne à connaître et apprécier cette autre espèce de poésie destinée à rappeler sans cesse à l’émulation des hommes la mémoire des belles actions et des grands talents, en faisant vivre jusqu’aux traits des mortels que l’on aime ou que l’on admire ; et, sous ce point de vue, la peinture est digne d’intéresser l’attention des législateurs et des sages, autant qu’elle doit, par la douceur de ses prestiges et la fécondité de ses ressources, faire à jamais les délices des âmes passionnées, des imaginations faciles et des esprits justes et cultivés.

A. C.



IV[1]

PRÉFACE D’UN OUVRAGE POLITIQUE


Au reste, quelque jugement qu’on porte de cet écrit, je suis sûr qu’au moins on n’accusera l’auteur d’aucunes préventions injustes. Je me suis cité à mon tribunal, et je suis convenu avec moi-même que dans cet ouvrage, ainsi que dans tous ceux que j’ai osé mettre au jour, j’ai exprimé ma pensée toute

  1. Publié dans l’édition des Œuvres en prose de 1840.