de fête on me mena monter une montagne. Il y avait beaucoup de peuple en dévotion. Dans la montagne, à côté du chemin à droite, il y avait une fontaine dans une espèce de voûte creusée dans le roc ; l’eau en était superbe et fraîche, et il y avait sous la petite voûte une ou deux madones. Autant que je puis croire, c’était près d’une ville nommée Limoux, au bas Languedoc. Après avoir marché longtemps, nous arrivâmes à une église bien fraîche, et dans laquelle je me souviens bien qu’il y avait un grand puits. Je ne m’informerai à personne de ce lieu-là, car j’aurai un grand plaisir à le retrouver, lorsque mes voyages me ramèneront dans ce pays. Si jamais j’ai, dans un pays qui me plaise, un asile à ma fantaisie, je veux y arranger, s’il est possible, une fontaine de la même manière, avec une statue aux nymphes, et imiter ces inscriptions antiques : De Fontibus sacris, etc.
XXVI[1]
Je me souviens, qu’étant à Montigny[2] à l’âge de quatorze ou quinze ans, la veille de notre départ, je trouvai sous ma main les Lettres persanes. Je me mets à lire. À la fin de la première lettre, arrivant à cette phrase : sois sûr qu’en quelque lieu du monde où je sois, tu as un ami fidèle, j’en fus ému et frappé