Page:Chézy - La Reconnaissance de Sacountala.djvu/14

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rible fatras, et de chercher la lumière dans cet écrit ténébreux. Aussi plusieurs années se passèrent sans que je pensasse à recourir à ce moyen ; et ce premier germe du désir, déposé dans mon esprit par Sacountalâ elle-même, y demeura long-tems enseveli dans la plus profonde inaction.

Cependant la littérature sanscrite, grâce aux travaux des savans anglais dans l’Inde, acquérait de jour en jour une plus grande extension, et leurs mémoires de plus en plus intéressans, consignés dans le précieux recueil des Asiatic-Researches, finirent par éveiller ma curiosité, au point que je me déterminai un beau jour (c’était vers la fin de 1806) à essayer de comprendre quelque chose à l’indigeste compilation dont je viens de parler, et je me mis à bégayer l’alphabet.

Quelques mois d’un travail assidu m’ayant mis à même de me former une idée telle quelle du système de déclinaison et de conjugaison sanscrites, et de la manière non moins ingénieuse que compliquée avec laquelle les mots y sont orthographiés, je cherchai aussitôt à faire l’application de ces élémens, en m’exerçant sur quelque manuscrit, car il n’existait même pas alors de texte imprimé, sauf celui de l’Hitopadésa, qui n’avait pas encore passé sur le Continent. Mais la traduction de ce curieux ouvrage par le Nestor de la littérature sanscrite, le célèbre Wilkins, était déjà depuis long-tems entre les mains des savans, et comme la Bibliothèque du Roi possédait un manuscrit de l’original indien, ce fut là naturellement le texte que j’adoptai, en me servant pour le déchiffrer, en guise de dictionnaire, de la traduction anglaise dont je viens de parler.

Quant aux efforts qu’il m’en coûta pour m’y rendre raison, d’abord de quelques mots, puis par-ci par-là de phrases isolées, et enfin de passages d’une assez longue haleine ; il sera facile au lecteur de s’en