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Serré par l’ennemi, Ramsès II invoque le secours d’Ammon et rappelle à ce dieu les monuments qu’il a consacrés à son culte : « Pour t’ériger des arbres éternels, je t’ai amené des obélisques d’Éléphantine ; c’est moi qui t’ai fait dresser des pierres éternelles. »

Ainsi étroitement liés par leur symbolisme aux plus importantes personnifications du dieu de l’Égypte, les obélisques étaient par eux-mêmes des objets vénérés ; certaines cérémonies du culte se célébraient en leur présence et en leur honneur, et une portion de la dotation des temples était quelquefois spécialement affectée aux dépenses occasionnées par les oblations présentées dans ces cérémonies.

On disposait habituellement les obélisques par paires ; telle était la disposition de ceux de Louqsor, dont le plus petit seul a été amené à Paris. Celui qui est resté à Thèbes mesure 25 mètres 3 centimètres, tandis que le nôtre n’a que 22 mètres 83 centimètres, y compris la partie détruite du pyramidion. Du reste, ni l’un ni l’autre ne peuvent compter parmi les plus grands monuments de ce genre ; celui de Saint-Jean de Latran, à Rome, a plus de 32 mètres ; les textes en mentionnent qui mesuraient jusqu’à 108 et même 120 coudées, c’est-à-dire, de 50 à 60 mètres. De ce nombre sont ceux dont parlent en ces termes les inscriptions d’El-Assassif, à Thèbes : « Deux grands obélisques, hauts de 108 coudées, revêtus entièrement d’or, et illuminant le monde de leurs rayons. »

Il ne subsiste aujourd’hui sur le sol de l’Égypte aucun obélisque approchant de cette hauteur considérable ; mais les indications du texte hiéroglyphique sont trop précises pour qu’il soit permis d’entretenir le moindre doute à l’égard de cette dimension, enregistrée sur un édifice public et s’appliquant à des monuments constamment exposés à la vue de tous.

Les grandes pyramides appartiennent toutes à l’Ancien Empire ; mais quoiqu’on puisse faire remonter l’usage des obélisques au moins jusqu’à la XIIe dynastie, il est certain que cet usage se développa surtout à partir de la XVIIIe. Ramsès II, que nous avons vu tout à l’heure se faire un titre auprès d’Ammon de l’érection de ces pierres éternelles, éleva bien réellement de nombreux obélisques. Celui de Paris, et son