son amie. De sa vie au bordel, elle avait gardé une habitude, le besoin de sentir toujours une femme près elle ; et elle reportait sur la chanteuse ses tendresses natives, l’accompagnant partout, admirant tout d’elle.
À grand’peine, sous le reluquage obstiné du public, les deux femmes se frayèrent un chemin dans la salle encombrée. Par une porte vêtue de cet écriteau : « Entrée interdite », les chanteuses pénétrèrent dans la loge. C’était une pièce irrégulière, fort petite, noire malgré le gaz. Aux champignons d’un portemanteau, les costumes de la représentation pendaient, un fouillis d’étoffes voyantes. Sur une table ronde, des cuvettes veinées de fêlures ; épars autour, des pots de pommade, des savons, une guirlande de fleurs artificielles.
Dans ce désordre, Dosia voulut trouver une place pour les robes de Lucie ; mais bientôt elle s’impatienta, bousculant tout, renversa une cruche dont l’eau se répandit.
— Zut alors ! On ne sait seulement pas où mettre ses affaires. En voilà une sale boîte ! Et les larbins, qu’est-ce qu’ils font donc ?
Lucie, retenant toujours son paquet dans les mains, assistait aux colères de Dosia, sans parler, avec la timidité souriante d’une nouvelle venue.
Elles se mirent à déballer les effets, très soigneuses d’en secouer les plis.