Page:Chair molle.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bientôt la femme du pianiste les vint rejoindre.

— Vite, dépêchez-vous, mes chères, c’est l’heure. Oh ! j’ai une migraine ce soir ! je ne sais comment je vais faire pour chanter.

Toutes trois, dans un déboutonnement rapide, découvrirent les blancheurs des bras, de la poitrine, et chacune revêtit son costume de soirée.

Quand elle se fut habillée, Lucie Thirache se mira. Sa poitrine nue mouvait doucement, en l’étreinte d’un corsage de soie mauve. Un collier de velours mettait une raie sombre sur la peau blanche du cou. La courbe de ses jambes était moulée dans des bas noirs ornés aux chevilles de broderies d’or. Et la jupe rose descendait à peine aux genoux, laissant voir les dentelles du pantalon.

Lucie se trouvait vraiment gentille. Elle oubliait ses récentes pudeurs. Elle laissa tomber sur ses épaules le flot de ses cheveux châtains ; elle les noua sur la nuque, d’un large ruban.

Et comme elle voyait dans la glace Dosia s’approchant, elle se retourna pour contempler son amie :

— Oh ! que tu es bien comme ça !

Au fond, elle pensait que Dosia, pour sûr, portait mal ses robes. Elle avait un corsage crème très décolleté ; aux pieds, de hautes bottines blanches lacées de rose… Non, décidément, Dosia n’avait pas son chic.