Page:Chair molle.djvu/157

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d’un étrange malaise, si elle en restait privée quelque temps. Abandon d’elle-même complet, voluptueux, à ce mal.

Et, à minuit, lorsque le concert s’achevait, Lucie dans une grande hâte d’arriver chez elle, prenait la manche de son amant, le forçait à courir pour rentrer plus vite. Dans la chambre, la porte à peine refermée, elle se collait à Charles, elle le serrait, elle l’entraînait sur le divan. Puis le couvrant de son corps, elle mordait ses lèvres goulûment, avait des baisers chauds où leurs langues s’enchevêtraient. Pour apaiser le froid qui la prenait, elle glissait les mains dans les amples manches du dolman. Sous les attouchements fiévreux de l’homme, ses yeux se fermaient, elle renversait la tête, elle se tordait, étirant les jambes, haletait par saccades. Alors la crise devenait plus forte ; c’était comme une pesanteur qui roulait dans son ventre, qui montait, laissant après elle un vide délicieux. Du corsage déboutonné en hâte, les seins jaillissaient. Et toujours l’étreinte devenait plus pressante jusque le moment où la fille s’affaissait, la bouche ouverte, les yeux noyés, proférant une plainte rauque.

Conscience reprise, elle se trouvait sur le lit, à demi déshabillés, au côté de Charles qui la considérait tendrement. Elle l’embrassait encore, puis agenouillée sur la couverture, se dépouil-