Page:Chair molle.djvu/60

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À un bruit de ferrailles dansant dans la rue Pépin, elles se ruèrent vers l’escalier, appelèrent « Madame ! » toutes ensembles.

Et, dans le nacre, après un bonjour digne hoché à la face souriante du cocher, ce fut toute une affaire, étaler sans froissements les jupes empesées qui craquaient à chaque geste. La patronne, très à l’aise en une robe de popeline bleue, se moque de leur coquetterie.

Par la ville, le fiacre roula.

Madame avait voulu qu’on traversât les places, « ce serait plus gai. » Sur la place d’Armes, les cafés verdoyaient et murmuraient un cliquetis de vaisselle, des conversations. Lucie se rappela son arrivée dans la ville, les craintes qui l’agitaient alors. Elles étaient bien ridicules, ces terreurs ! Une rude chance ! être venue au 7. N’était-ce pas charmant cette promenade hors les murs ; ce goûter qu’on allait faire dans la propriété de la patronne avec les bonnes choses juchées sur la toiture du fiacre, en deux grands paniers ?

Au Café du Centre, un monsieur la reconnut, et lui envoya des baisers. Madame, très contrariée, lui ordonna se retirer de la portière  : « Elle lui ferait avoir des désagréments, cette grande folle-là ! »

Le soleil se dardait lourdement dans la rue de Paris. Il blanchissait le badigeon pisseux des maisons, illuminait les lettres noires des ensei-