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Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/215

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— 205 — que l'avail employée Ronsard ; il a maintenu seu- lement la réFormc conseillée à Malherbe parRacan, qui consiste à marquer toujours un temps d'arrêt après le septième vers ; mais suivant la pente de sa nature, qui le porte à tout exagérer, il a voulu composer, d'après ce rhythme, une strophe de douze vers, en mettant au milieu trois rimes fémi- nines au lieu de deux, ce qui augmente la diffi- culté d'une façon sensible. Nous venons de mentionner une strophe entière de ce genre. On ne peut nier que cette adjonction ne produise, à l'oc- casion, un grand effet ; que l'ensemble n'en devienne plus majestueux, et que ces trois rimes féminines, retombant sur une masculine, ne donnent plus de force à la strophe ; mais aussi, la difficulté vaincue entre dans cette forme pour une part trop grande, et il est quelquefois aisé d'aper- cevoir l'embarras du poêle pour trouver une nou- velle rime et l'encadrer liabilement.

Ronsard et Hugo ont généralement le sentiment musical de la poésie; ils savent bien approprier leurs strophes et leurs vers aux sujets qu'ils veulent chanter. Ronsard consacre l'ode Pindarique aux grands sujets ; c'est sur ce rhythme qu'il chante la paix conclue entre la France et l'Angleterre, qu'il célèbre les princes ; il adopte l'odelette, le sonnet ou l'élégie pour les sujets amoureux. Veut-il