Aller au contenu

Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 236 — l'étranger, la nature de ce sentiment demeure tou- jours la même ; il est toujours composé des mêmes éléments : l'amour du pays, le désir de voir s'étendre sa puissance, et la haine de l'envahisseur.

Il naît assez tard dans le cœur des peuples. Leurs premières pensées sont plus restreintes. Leur pre- mier instinct, c'est l'amour du foyer dont, au reste, le sentiment national n'est que le développe- ment. Mais pour que ce dernier existe dans toute sa force, il faut nécessairement que la patrie soit for- mée, unie ; qu'un lien d'intérêts communs rattache les uns aux autres les individus qui la composent, et que le gouvernement qui la représente en soit la personnification réelle et vivante.

Or, au seizième siècle, cet être abstrait que nous nommons la France, est loin d'exister tel que nous le connaissons aujourd'hui, ou, du moins, il n'est encore qu'à l'état de lente et pénible formation. Les vieilles rivalités entre les provinces subsistent dans toute leur force ; les coutumes créent entre elles d'immenses différences ; les dialectes, les pa- tois sont d'un usage à peu près général ; la rareté des communications entre les diverses i)arties du royaume, rend les rapports très-difficiles, de telle sorte qu'il y a plus d'inégalité entre un Breton et nn Gascon, qu'entre un Français du nord et un Flamand. Enfin, le système féodal, quoi(|ue Irès-alténué, est