Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/294

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influence merveilleuse par sa douceur inaccoutumée, par son sourire succédant à son impassibilité perpétuelle.

La veille de sa mort, Dupuytren se fit lire le journal, « parce qu’il voulait, disait-il, porter là-haut des nouvelles de ce monde ». Il légua deux cent mille francs à la Faculté de médecine, sur les quatre millions qu’il avait gagnés.

Lisfranc, un de ses rivaux, l’appelait « le brigand », ou « l’infâme du bord de l’eau ». En revanche, Dupuytren appelait Lisfranc, — en petit comité seulement, — un Brutus solliciteur, et il ajoutait que « sous une enveloppe de sanglier, on portait parfois un cœur de chien couchant ».

À côté de Dupuytren, aucun chirurgien ne pouvait supporter la comparaison, quel que fût son talent. Marjolin dut quitter l’Hôtel-Dieu, cet indulgent Marjolin que les étudiants appelaient « le père Marjolin », à cause de sa bienveillance et de sa bonhomie.

À l’hôpital de la Pitié, Lisfranc s’illustra, non seulement sous le rapport de l’habileté, mais aussi par ses diatribes parlées contre les « ânes » de la Faculté de médecine. Il fallait l’entendre, en effet, lorsqu’il avait triomphé d’un cas chirurgical remarquable, exhaler bruyamment son humeur agressive contre les professeurs, et, par