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Page:Challaye - Le Japon illustré, 1915.djvu/19

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aurons l’occasion de montrer comment les Japonais comprennent et combien ils aiment les paysages de leur pays. (Voir le chapitre la Vie morale.)


Le climat et les saisons. — Le climat est humide au printemps, chaud et souvent humide en été, frais et sec, particulièrement agréable en automne et au début de l’hiver.

Le Hokkaidō et tout le nord de la côte occidentale du Hondo, exposés aux vents glacés venant de Sibérie et des régions polaires, sont beaucoup plus froids que le reste du pays. Au contraire, les côtes orientales et méridionales, et même la côte occidentale jusqu’à Tsushima, ont un climat tempéré : elles sont arrosées par un courant analogue au Gulf-Stream, le Kuroshiwo, qui apporte de Malaisie et des Philippines des eaux chaudes, des souffles d’air tiède. On a attribué aux vents qui, soufflant tour à tour du nord et du sud, balayent les vallées, la salubrité du pays.


un lac aux environs de nikkō.


Cyclones et tremblements de terre. — Si le Japon, dans sa partie centrale, a le grand avantage d’un climat tempéré et salubre, il présente les inconvénients particuliers aux régions maritimes et volcaniques.

Les courants atmosphériques contraires provoquent des orages, des tempêtes, des cyclones, parfois des ras de marées. Des villages, des villes entières ont été engloutis par la mer. Un Français qui a publié, en 1877, un intéressant ouvrage sur le Japon, où il venait de vivre quatre années, M. Georges Bousquet, dit, à propos des typhons :

« Il ne faut pas entreprendre de décrire les effets du typhon « taifû » (grand vent), si l’on ne veut soulever un murmure d’incrédulité : les lourdes assises de granit du quai de Yokohama, soulevées et lancées à plusieurs mètres par les vagues dans une baie fermée de tous côtés, le palais du gouverneur jeté à terre par la seule violence du vent à Nagasaki, les jonques du port franchissant le quai et venant tomber par-dessus les murs de clôture, au beau milieu d’un jardin, les cordages non goudronnés s’effritant brin à brin sous le frottement du vent, comme au contact d’une râpe, sont autant de fables pour qui n’a pas vu ces phénomènes, que le spectateur lui-même est tenté de prendre pour un violent cauchemar. Presque à chaque équinoxe, tantôt dans une partie, tantôt dans une autre, ce terrible météore exerce ses ravages sur terre et sur mer, entraînant souvent à sa suite des inondations, et la crue subite des rivières torrentueuses. » (Le Japon de nos jours, I, p. 98.)

Les éruptions de volcans ont causé aussi parfois de sérieux dommages.

Le véritable fléau du Japon, ce sont les tremblements de terre. Ils sont très fréquents (un millier de secousses par an sur 20000 kilomètres carrés). Ils ont provoqué plusieurs catastrophes par siècle. Par exemple, le tremblement de terre de 1855 désole toute la région du Tōkaidō, détruit à Yedo (Tōkyō) plus de 14 000 maisons, fait périr, selon les auteurs japonais, 200 000 personnes.


Cl. Underwood
les rapides d’urani.


Un voyageur, signant Jean Dhasp (M. Klobukowski), décrit ainsi les conséquences du tremblement de terre survenu le 28 octobre 1891 dans la région de Gifu :

« Dix-huit mille morts, plus de vingt mille blessés. Des villes entières renversées ou incendiées, et, sur une superficie égale à celle de trois de nos départements, une population de 400000 âmes campant au milieu des décombres ! Le froid est vif, la pluie tombe fréquemment, les malheureux sont sans abri, et beaucoup sans nourriture. Faute de bras, la récolte du riz, dans bien des endroits, reste sur pied. C’est la misère certaine, épouvantable, et au cœur de l’hiver ! Les lignes ferrées sont coupées, les ponts rompus, les digues détruites, les routes effondrées. Les secours arrivent difficilement, et avec quelle lenteur !…

« Partout des ruines, un amoncellement de débris informes. Çà et là, quelques cahutes recouvertes d’un peu de paille, ouvertes à tous les vents, où les hommes, les femmes et les enfants sont entassés pêle-mêle ; dans leurs regards une expression de stupeur morne, comme s’ils reflétaient encore l’horrible scène. Ces pauvres gens mendient, mais si timidement, avec un air si honteux, si embarrassé ! On voit que leurs mains ne sont pas habituées à se tendre pour demander l’aumône. C’est navrant…

« Des milliers d’habitants restent subitement isolés, privés de toutes communications, attendant des secours qui arriveront trop