Collection H. Vever.
LES FEMMES DU YOSHIWARA INAUGURANT LEURS NOUVELLES TOILETTES LE PREMIER JOUR DE L’AN, PAR KIYONAGA.
Deuxième planche du Saishiki Mitsunoasa (le Triple matin en couleurs).
LA FEMME ET L’AMOUR
LE CHARME DE LA JAPONAISE. — LE PHYSIQUE. — LE MORAL. — SITUATION INFÉRIEURE DE LA FEMME DANS LA FAMILLE ET LA SOCIÉTÉ. — LA FEMME ET L’AMOUR DANS L’ANCIEN JAPON. — INFLUENCE DE LA MORALE CHINOISE (CONFUCÉENNE) SUR LA SITUATION DE LA JAPONAISE. — LES « GEISHYA ». — LES COURTISANES.
Le charme de la Japonaise. — Il convient d’étudier à part les sentiments, les mœurs et les coutumes qui se rattachent à la femme au Japon. Ce sujet paraît avoir tout spécialement intéressé la plupart des Européens, qui ont visité ou décrit le pays : il a provoqué de nombreuses études, suscité de vives discussions. La plupart des voyageurs sont enthousiastes de la jeune fille (musume) et de la femme japonaises.
« Prenez la physionomie d’une sœur de charité exerçant son doux ministère, le sourire de la jeune fille guettant par delà les mers le retour de son fiancé, le cœur d’un enfant qui n’a point été gâté par sa mère ; réunissez tout cela dans un petit corps mignon et sain, couronné d’une chevelure de jais et vêtu de soie bruissante : vous aurez la Japonaise. » (Henry Norman, The real Japan, p. 178.)
Collection H. Vever.
FEMME SE FARDANT LA NUQUE, PAR TOYOKUNI II.
M. A. Bellessort déclare : « Ce qu’il y a de meilleur dans le Japonais, c’est la Japonaise. Non seulement le vieux Japon artistique et religieux n’a rien produit de plus achevé que l’âme de ses femmes, mais, qualités ou défauts, l’idée que nous nous faisons de la femme est comme l’essence même de son ancienne civilisation. » (La Société japonaise, p. 289.)
Un journaliste écrit : « C’est par la bouche de ses femmes que le Japon sourit aux étrangers ; c’est avec leurs yeux qu’il les cajole et les enchante… Elles sont ce qu’il y a de plus parfait au Nippon. » (Ludovic Naudeau, le Japon moderne, p. 295.)
Ceux-là surtout rendent hommage à la Japonaise qui en signalent le danger. L’un des missionnaires protestants qui ont joué le plus grand rôle au Japon dans la seconde moitié du XIXe siècle, Verbeck, écrit cette phrase qu’on peut à volonté juger inquiétante ou comique :
« Les tentations, dans ce pays, sont terribles : plusieurs sont tombés qui seraient restés d’airain chez eux. En fait, bien peu d’Européens, en dehors des prêtres et des missionnaires, n’ont pas failli. » (Griffis, Verbeck of Japan, p. 209.)
Reclus, sans s’affliger, constate un fait analogue : « Les jeunes filles qui s’unissent aux Européens par des mariages temporaires tels qu’ils se pratiquent dans ce pays, retiennent presque toujours l’étranger par les prévenances dont elles l’entourent, la propreté du ménage et le confort qu’elles introduisent dans la demeure. » (Géogr. universelle, p. 77.)