Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/359

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Le flambeau, — fût-il la flamme de ma vie, — c’est en souriant, — que je n’hésiterais point à l’atteindre.

Tristan accourt ; de nouveau, ils sont dans les bras l’un de l’autre :

N’était-elle pas tienne, — celle qui t’a choisi ? — Qu’est-ce donc que le jour mauvais t’a conté de menteur ?

Et ce n’est pas seulement un seul et court instant, comme sur le navire, qu’ils ont pour se confier le « secret profond », mais toute une longue « nuit d’amour », qui les entoure de ses voiles :

Éteint est désormais — le dernier flambeau — ce que nous pensions, — ce que nous croyions.

Et, dans l’illusion renouvelée du « sommeil définitif », ils peuvent se murmurer l’un à l’autre :

Ainsi, nous mourûmes, — désormais inséparables, — unis en toute éternité, — sans fin, — sans réveil, — sans crainte, — perdus dans un ineffable amour, — nous donnant tout entiers, — pour ne plus vivre qu’en l’amour.

Mais, ils se trompaient encore ; « le jour » n’avait pas « cédé à la mort » et « la nuit ne devait pas être éternelle ». Leur ardente prière :

Bannis l’angoisse, — douce mort, — ô toi, la très désirée — mort d’amour,


cette prière n’avait point été exaucée. Une seconde fois, un « bonheur décevant » leur avait souri ; une seconde fois, ils se voient livrés au jour et aux « fan-