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Page:Chambon - Notes sur Prosper Mérimée, 1902.djvu/115

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VOYAGE EN BRETAGNE 89

à Mérimée. Voici comment il raconte la première dans une lettre inédite à H. Royer-Collard :

« Mon cher ami, un journal, la Gazette du 8 que je lis par hazard ici, m'apprend qu'on dit que je suis nommé censeur dramatique. Je ne crois pas que cela soit vrai, car ce serait trop fort de faire ce cadeau-là à un honnête homme sans lui en demander son avis. Je suppose que c'est une idée de Cave, idée non digérée qu'il aura émise en public pour voir comme elle prendrait. Veuillez, mon cher ami, vous mettre à la place d'un pauvre diable à 150 lieues de Paris, qui ne voit pas trop goutte en cette diable d'affaire. Vous savez quels ont été jusqu'à présent mes relations avec M. Thiers, r la reconnaissance que je lui dois, et partant les ménagemens que je dois garder. Faites ce que vous feriez à ma place. J'écris à Ch. d'Ara- gon et à Allard. Ils s'entendront avec vous et vous ferez ensuite pour le mieux. In manus vestras commendo, etc. Je désirerais qu'on mit dans un journal que le fait est faux. Croyez-vous que cela soit à faire? ou bien qu'il

1. Voici une lettre inédite de M. Thiers à Mérimée, à peu près de cette époque qui montre bien le ton de leurs relations :

« Je tiens tellement, Monsieur, à avoir de votre besogne que je con- sens à vous attendre.

« Mais je vous supplie de ne pas remettre à vous occuper de nous plus tard que lundi ou mardi. Cédez, je vous prie à nos coquetteries, .aissez-vous prendre. Nous sommes d'ailleurs mieux que des coquettes, nous sommes de bonnes et honnêtes femmes qui ont tout juste assez d'esprit pour aimer beaucoup le vôtre. Venez donc avec nous, vous y serez reçu comme votre juste amour-propre peut le souhaiter.

« Tout à vous. « A. Thiers.

« P. S. Quand vous verrons-nous?

« Et Laurence, quand viendra-t-il ? J'ai fait mettre de côté une notice anglaise pour vous. »